La Goutte-d’Or : un quartier singulier...
Voilà comment les acteurs associatifs du quartier présentent la Goutte d’Or :
« Souvent considéré comme un coupe-gorge, un ghetto, un repaire de délinquance, le quartier de la Goutte d’Or fait encore peur. Pour les 22 000 habitants de ce petit périmètre urbain (37,2 ha), situé au cœur du 18ème arrondissement, la vie n’est certes pas tous les jours facile. Mais les réalités de la vie quotidienne sont ici bien loin des représentations que l’extérieur peut s’en faire. Depuis plus de 20 ans, habitants, associations et pouvoirs publics se mobilisent et travaillent à l’amélioration de la qualité de la vie sur le quartier, dans le sens de sa requalification progressive. »
Ajoutons que depuis la seconde moitié du 19ème siècle, le quartier accueille des vagues successives de français puis de migrants ; on peut parler de mixité pluriculturelle au quotidien pour ce quartier qui fonctionne comme un sas d’intégration. La population est jeune, le chômage important, le quartier est pauvre et très commerçant, ouvert sur l’Ile-de-France et ses communautés d’origine étrangère, mais aussi au-delà, aux dimensions du monde !
A partir de 1983, le quartier voit se succéder et se superposer des opérations de réhabilitation et de rénovation.
Au début, l’opération « lourde » qui se dessinait a provoqué une très forte mobilisation des habitants, notamment avec « Paris Goutte d’Or » : ils estimaient qu’on ne pouvait laisser faire n’importe quoi ! Le développement social urbain à la Goutte d’Or a indéniablement transformé le quartier et contribué à sa rénovation. La forte implication des habitants au travers de diverses associations y a contribué. Une vingtaine de ces associations se sont réunies en « Coordination inter associative » afin d’échanger sur leurs pratiques, monter des projets communs et parler d’une seule voix aux pouvoirs publics. Au fil des ans, cette coordination, bien que n’ayant pas de statut juridique, a acquis une légitimité auprès des habitants, des acteurs du quartier et des élus. Elle est à l’initiative de la création de la Salle Saint Bruno et de l’organisation de la Goutte d’Or en Fête.
En 1985, 11 associations avaient déposé un projet de création de locaux pour les associations, principalement les petites associations.
Les habitants auront du mal à se faire entendre des élus. Il faudra sept ans pour que le projet se réalise, sous l’égide de la Ville. L’assemblage des différentes missions au sein de la Salle Saint-Bruno est d’emblée un montage « hors normes » par rapport à ce qui se fait habituellement en matière d’équipement de quartier. 15 ans après sa création, il le reste, à bien des égards, puisqu’il est à la fois un relais de proximité de la politique de la ville, un lieu de développement de la citoyenneté et de la démocratie participative, un lieu de compétences et d’expertise sur des thématiques prioritaires (emploi, lutte contre les discriminations, etc), enfin un lieu ressources pour mettre en œuvre ou faire vivre des projets proposés par l’ « inter associatif » ou les habitants du quartier.
|